La classe préparatoire impose une planification rigoureuse du travail personnel. Bien réalisée – ce que nous aidons chacun à faire chez WeiD car les métabolismes sont différents – cette planification permet aussi d’aménager du temps libre dont chaque étudiant doit profiter pleinement. Ainsi, la bonne attitude dépend évidemment du caractère et de l’implication de votre enfant : certains auront besoin de ressentir une « pression », saine et bien exercée, d’autres de percevoir une confiance placée en eux et plutôt du « recul » de votre part. Si vous observez qu’ils respectent leur planning de travail, il n’y a que peu de choses dont il faut s’assurer : 1. que le téléphone et les réseaux sociaux soient en « off absolu » pendant le travail personnel, 2. qu’ils consacrent une vingtaine de minutes par jour à s’informer en lisant quelques articles d’actualité économique, géopolitique, 3. Que leur temps libre ne soit pas « rempli » par vous mais décidé par eux, avec un mot d’ordre : tout comme il n’est rien de pire que de « travailler à moitié », non concentré, il faut, lorsqu’ils ne travaillent pas, qu’ils le « fassent bien ». Se coucher avec le sentiment du devoir accompli comme d’un temps libre bien mis à profit est essentiel.
Quand un étudiant commence à prendre plaisir à apprendre, c’est à la fois une victoire pour un professeur, un plaisir pour les parents, une joie pour lui-même.
« Le savoir triste est un savoir mort » disait Voltaire. Tant qu’un étudiant n’a pas la sensation de travailler « trop » mais bien et que le temps libre qu’il réussit à s’octroyer est bien utilisé, il le vit bien. Ce n’est pas à vous de décider s’il travaille « trop ». C’est à lui. Il faut guetter les signes, pas les heures. Un bon regard est souvent plus efficace que ce que l’on croit être une bonne parole. Si, physiquement, psychologiquement, vous ressentez qu’il « flanche », c’est le moment d’échanger avec les professeurs. Mais s’ils sont impliqués et attentifs, et non indifférents, ces professeurs auront pris les devants. Ils l’auront fait aussi s’ils ne travaillent pas assez pour réussir leur classe préparatoire et atteindre leurs objectifs au concours.
Chez WeiD, nous parlons plus d’étudiants que d’élèves. Pourquoi ? Élève vient du latin elevare, qui signifie soulever. Étudiant vient du latin studere, qui ajoute à elevare une dimension : la volonté personnelle. On peut soulever quelqu’un contre son gré. On n’étudie pas contre son gré. D’expérience, nous savons que ceux qui ont été forcés à faire une classe préparatoire échouent ou vivent une expérience malheureuse, qu’ils risquent de regretter plus tard et qui ne leur servira pas comme elle aurait dû.
Sortez-vous de l’esprit que la classe préparatoire forme des clones : ce n’est pas la classe préparatoire en tant que telle qui le fait. Certaines le font, en créant des machines à résoudre des problèmes mathématiques à condition que les données ne soient pas trop modifiées ou en donnant, non un cours, mais des paragraphes « en kit » à reproduire au concours. Nous considérons que la classe préparatoire doit être un moment d’éclosion et de prise de conscience du fait qu’étudier, c’est à la fois un investissement, une chance formidable et un enrichissement personnel. Cela sera déterminant pour leur carrière à la sortie de la grande école qui forme surtout, et c’est normal, à des savoirs pratiques.
« Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin » écrit Kierkegaard. Ceci peut définir le choix de la classe préparatoire. Oser l’exigence et l’effort, c’est envoyer un signal fort au futurs employeurs. Depuis 50 ans : l’accumulation des diplômes par une part croissante de la population déprécie en effet la valeur de chaque diplôme, altère la capacité de disposer de compétences qui permettent de se distinguer. Opter pour un concours difficile et la classe préparatoire, commerciale ou scientifique, est le meilleur moyen de lutter contre cette inflation des diplômes.
Pourtant, l’essentiel n’est pas tant une question de nombre ou de démocratisation d’un diplôme : c’est une question de degré d’exigence qui lui est associé. Il y a Bachelor et bachelor : opter pour un bachelor exigeant et ambitieux, approchant les exigences et l’excellence d’une bonne classe préparatoire, peut être pour certains un tremplin plus équilibré que la classe préparatoire pour viser aussi haut. Seuls les plus déterminés et exigeants avec eux-mêmes le peuvent et c’est la raison pour laquelle sélectionne ses étudiants de Bachelor sur les mêmes critères de détermination et d’enthousiasme à étudier pour son Bachelor « talents » que pour ses classes préparatoires.
Je dirais presque peu importe. Cette question n’a pas beaucoup de sens. En quoi disposer d’un bon bagage mathématique, de connaissances solides en philosophie, lettres, géopolitique, économie et une excellente maîtrise de deux langues vivantes serait franco-français ? C’est universel ! La question n’est pas de savoir si la prépa est un investissement rentable en termes de CV. Si la prépa suivie était sérieuse, que les professeurs y étaient impliqués, les connaissances mais aussi l’état d’esprit au travail le seront aussi. Cela se ressentira durant des entretiens de recrutement. En France comme à l‘étranger.
Pour les Mathématiques, nous vous renvoyons à ce que nous avons publié spécifiquement sur le sujet. Vous connaissez, comme moi, cette idée selon laquelle les mathématiques ne serviraient à rien dans l’exercice d’une profession, pour la majeure partie d’entre nous. Vous récitez de la poésie dans votre métier… ? Je compare souvent cela aux jonglages qu’un joueur de football se doit de répéter et répéter encore aux entraînements alors qu’il n’aura que très rarement, mais alors très très rarement l’occasion de le faire au cours d’un vrai match ! Un musicien ne fait pas ses gammes au concert. Pourtant elles lui sont utiles. Les mathématiques, c’est d’abord, même si vous n’en ferez pas votre métier, l’occasion de vous confronter à la difficulté de l’abstraction, à l’effort de l’apprentissage de formules, à la rigueur méthodique du raisonnement comme de la rédaction… Bref, il s’agit d’un langage qui, si vous n’y comprenez rien, vous inhibera dans l’avenir et qui présente aussi l’avantage, comme toutes les autres matières du concours, de vous être utile sans que vous en ayez conscience. Tout bon professeur de mathématiques vous dira que les mathématiques, c’est aussi de l’intuitif. Cela ne signifie cependant pas qu’il faille surinvestir dans cette matière qui « fait peur ». Certains se gavent de l’argent des parents et des prêts-étudiants sur cette peur. Les coefficients ne sont que d’un tiers et seule HEC a un oral représentant… 10% des coefficients.
Les Humanités : toutes les autres matières peuvent être rassemblées sous ce terme. Pourquoi ? Parce que les Langues en classe préparatoire requièrent non seulement la maîtrise des règles de grammaire et d’un vocabulaire thématique précis. Mais elles requièrent surtout la connaissance des collocations et des idées : en effet, c’est l’usage d’une langue pour éclairer un point de civilisation qui est jugé. Certains étudiants s’étonnent parfois de leur note médiocre alors qu’ils sont fluent et ont vécu à l’étranger. Mais s’ils racontent n’importe quoi, cette note n’est que justice : le fond, la pertinence des idées, la culture générale sont aussi notés, pas seulement la maîtrise de la langue.
Les épreuves de Lettres et Philosophie portent sur un thème défini – Aimer en 2022, le Monde en 2023, la Violence en 2024 – aux écrits, sur à peu près « n’importe quoi » aux oraux : « le pont », « voler » ou une citation de Shakespeare à commenter… Ce n’est pas seulement votre culture générale, dispensée en cours, qui est mise à l’épreuve, je dirais que c’est aussi votre curiosité intellectuelle et votre dextérité argumentative. L’épreuve de synthèse s’y ajoute, qui consiste à devoir synthétiser en un nombre de mots imposé, trois textes portant sur un thème : la maîtrise de la méthodologie, la capacité d’analyse, la maîtrise d’une langue concise et précise sont les ingrédients essentiels de la réussite. Cela se travaille.
Les épreuves d’Économie, Sociologie, Histoire – tant à l’écrit qu’aux oraux – supposent une bonne connaissance historique, des faits comme des auteurs importants, des concepts comme des politiques mises en place. Cette discipline éclaire le monde et, bien dispensée, passionne car comprendre « l’argent », les crises, l’inflation, la mondialisation, la contrainte environnementale, la construction européenne… elle permet, à 20 ans environ, de se forger une opinion et d’apprendre à la défendre ou la remettre en question plutôt que de répéter bêtement ce que l’on entend. Il en va de même en Histoire, Géographie et Géopolitique qui permet de s’élever « au-dessus » d’une simple succession de faits pour y déceler, grâce à des concepts, de nouvelles forces et nouveaux enjeux à l’œuvre dans des régions du monde ou entre elles.
Vous aurez compris que rien, dans l’ensemble de ces disciplines, dans leur exigence, ne sera inutile à vos enfants. Elles sont les fondations les plus solides pour que les Grandes Écoles se concentrent ensuite sur des savoirs beaucoup plus appliqués au monde du travail. Sans ces fondations, moins de chances (nous ne disons pas peu mais tout de même) de connaître la même évolution dans leur carrière, car les institutions et vos enfants eux-mêmes ont besoin de ce viatique pour disposer de la densité, la profondeur, la rigueur de travail permettant de mieux tirer leur épingle du jeu.
Les khôlles ou colles sont essentielles en classes préparatoires. Il s’agit d’oraux d’une vingtaine de minutes, qui dans les bonnes classes préparatoires, sont au nombre de 3 par semaine. Elles ont un triple objectif : vérifier le sérieux du travail des étudiants quant au cours évidemment donc aussi les « maintenir en tension » tout au long de l’année dans toutes les matières, leur faire garder le rythme en quelque sorte, mais aussi les soumettre à une pression efficace pour qu’ils apprennent à gérer leur stress, améliorent leur aptitude à expliquer et convaincre. Avoir les connaissances, c’est bien et la note sera en conséquence. Mais intelligemment et agréablement les transmettre, avec la forme adéquate, c’est mieux. Cela s’apprend. À la fin d’un exposé d’une dizaine ou quinzaine de minutes le khôlleur corrige les erreurs commises, ajoute ce qui aurait pu ou dû être dit, propose un autre plan en Lettres et Philosophie, HGG ou ESH si celui utilisé ne convenait pas au sujet. Les khôlles forgent les esprits. Elles ne sont pas seulement une préparation aux oraux du concours, elles sont utiles dans la vie professionnelle. Un professeur aime en général parfois coller lui-même, car il apprend ainsi à mieux cerner ses étudiants et leurs besoins.
La classe préparatoire au singulier n’existe pas. Et au sein d’une même classe, des professeurs cohabitent qui n’ont pas toujours la même approche de leur métier. Notre époque est, à certains égards, désespérément infantilisante : le ton de certaines publicités, des doublages français de séries étrangères… J’ai connu une classe préparatoire où des préparationnaires, tous âgés d’une vingtaine d’années faut-il le rappeler, étaient qualifiés de « gamins », de « gosses » voire de « piou-piou » en off par certains professeurs… Sans commentaire.
Un cours est un cours, pas un exercice de démocratie participative. Il y a un temps pour écouter, se questionner et apprendre. Un temps du sérieux sur le fond, dont on doit sortir enrichi de connaissances, de méthode, de réflexion. Un temps pour dialoguer, un temps du « non-sérieux » qu’il faut aussi prendre au sérieux mais à ne pas confondre avec le « pas sérieux ». Il faut « prendre ce qu’on fait au sérieux sans se prendre au sérieux », disait Clint Eastwood. Ça résume selon moi le bon état d’esprit.
Il y a infantilisation lorsqu’un professeur se prive d’utiliser certains termes, parce qu’ils ne seraient pas connus, ou s’interdit trop exiger d’étudiants qui, soi-disant, seraient fatigués de réfléchir par eux-mêmes et que chatgpt fera le travail à leur place. Nous sommes là pour enrichir le vocabulaire lorsque cela est nécessaire et libérer la pensée d’idées préconçues et cela n’a rien d’humiliant si la manière de faire est la bonne. Rappelons que le cerveau est, d’une certaine manière, un muscle…
À la différence de l’Université où une sélection drastique s’effectue entre ceux qui savent rapidement être responsables et autonomes et les autres, la classe préparatoire encadre bien davantage. Elle exige davantage aussi puisqu’il ne saurait être question d’avoir 10,1 de moyenne pour intégrer l’école souhaitée après deux ans d’études. Une bonne classe préparatoire doit être responsabilisante et aussi apprendre à apprendre seul.
Le travail d’un professeur est aussi de « donner envie ». Il faut savoir distinguer l’effort et la douleur. L’effort peut être et même doit être source de plaisir. Chaque sportif le sait. Se préparer – c’est le sens de praepare en latin – c’est mettre dans les bonnes dispositions pour opérer une transformation en vue d’atteindre un but.
Nous sommes dans un pays où les corporatismes sont censés avoir disparu en 1791. Dans les faits, ce n’est pas le cas. Les professions se défendent et s’arc-boutent souvent d’une seule et même voix. Un corporatisme peut être louable quand il défend la qualité de ce qu’il propose tel un gage de confiance au bénéfice des clients. Le corporatisme est à combattre lorsqu’il défend, par principe, non la qualité mais une profession : si on y trouve des gens formidables qui aiment leur discipline, n’ont jamais manqué un cours de leur vie et n’ont pas oublié ce pour quoi ils étaient payés, on en trouve malheureusement aussi qui, faute de mieux dans les processus de recrutement, dévoient la profession et ternissent l’image des premiers. Il y a de bons entrepreneurs et des catastrophiques, de bons prêtres et d’autres dangereux, des boulangers qui aiment pétrir à l’aube et d’autres qui n’aiment pas le pain. Lorsqu’en classe préparatoire, un professeur a la chance d’être face à des étudiants motivés, courageux et respectueux quel que soit leur milieu social, il se doit d’être à la fois bon dans la discipline qu’il enseigne, pédagogue pour faire progresser n’importe qui, et impliqué. En échange, il est juste qu’il soit rémunéré en conséquence.
Nos enfants souffrent de plusieurs choses à l’heure actuelle, qui risquent de leur porter préjudice. Ils sont une génération du « pour moi », à double titre. Premièrement, il est symbolique qu’un nombre incalculable de réponses à des questions de définitions commencent par « pour moi »… Une définition d’un terme ne saurait être personnelle ! Si elle n’est pas collective, sociale, celle d’un langage commun, alors par définition nous ne parlons plus le même langage et on peut raconter n’importe quoi. Cela ne signifie pas qu’une définition de ne doive pas évoluer dans le temps, mais encore faut-il savoir d’où on part pour la faire évoluer. Donc, ma première réponse serait : qu’ils disposent d’un dictionnaire et qu’ils n’acceptent plus jamais d’entendre parler d’une notion sans en connaître le sens commun. Mais au fait, est-ce bien le réflexe des parents eux-mêmes …? Quel format pour un dictionnaire ? Papier ou numérique ? Je dirais papier, sans hésiter, car on peut facilement annoter.
Dans le cas du numérique, cela suppose un deuxième travail de notre part à tous : une pédagogie. La première source sur Google n’est pas forcément fiable. L’avènement d’internet est une magnifique avancée, à condition, comme pour toute innovation, de savoir s’en servir. Internet, c’est aussi – je ne dis pas seulement – la possibilité pour des informations fiables d’être de plus en plus noyées au milieu de désinformations ou de mauvaises sources. C’est beaucoup de choses que tout éditeur sérieux aurait refusées. Il faut apprendre que la définition du Robert en français, du Collins en anglais, a souvent plus de valeur que celle que messieurs X et Y ont cru bon de donner sur Wikipédia.
Troisièmement, veiller à leur faire comprendre que, si votre smartphone peut être un outil de travail, c’est un très mauvais outil de préparationnaire. Scruffy plutôt que smart pendant le temps de travail : absolument en silencieux ! Cela ne fait que rendre l’objet smart pendant les pauses entre les cours.
Il est cependant un autre objet qui leur sera tout aussi utile : le livre. De moins en moins les lectures seront imposées. Mais, que ce soit romans, essais, journaux, un préparationnaire doit faire ses choix personnels et s’autonomiser dans ses lectures. Tout en privilégiant ce qui « fait l’histoire » de la littérature ou de la pensée plutôt que les romans de gare et une presse la moins orientée possible, qui ne formate pas et ne ferait qu’offrir des idées reçues… Lire, c’est aussi, inconsciemment, imperceptiblement, apprendre à maîtriser la grammaire, enrichir son vocabulaire, sortir du strict cadre du travail, se confronter à d’autres idées que les siennes ainsi qu’aux enjeux contemporains. C’est à la fois utile et non-utile : utile car la réussite au concours passe aussi par la « densité » intellectuelle que la lecture procure, non-utile car il faut aussi savoir le faire sans but précis. C’est votre quatrième mission de parents.
Cinquièmement, apprenez-leur à tout faire à fond : quand on travaille, on est « dedans », quand on ne travaille pas, on doit être « dedans » aussi, dans la musique comme en terrasse à refaire le monde, dans un livre comme dans un sport. Quand le travail est bien fait et conforme à ce qui a été prévu, on peut alors s’éclater sereinement. Je répète : work hard, play hard disent les anglo-saxons.
Certains restaurants se notent eux-mêmes sur internet, certains hôtels rappellent leurs clients responsables de mauvais commentaires pour acheter leur silence… Je pourrais à nouveau m’en tenir là. Certains économistes ont assez bien décrit « la société de défiance » française. Or, certains parents ne se défient pas assez de chiffres publiés sur des sites, de grands magazines nationaux titrant sur les classes préparatoires, et plus généralement de formations coûteuses sans débouchés.
Demandez aux classes préparatoires combien ils seront par classe à l’avance, cela regarde les parents me semble-t-il. Demandez à vos enfants combien ils sont par classe à la rentrée. Do your homework comme disent les anglais. Il est surprenant que d’excellents professeurs de prépas privées, exerçant d’ailleurs souvent aussi dans le public, acceptent de cautionner des pratiques aussi douteuses que des « candidats libres » : chacun sait à combien d’élèves il enseigne et peut observer sur des sites ou de grands magazines nationaux titrant sur les classes préparatoires que les chiffres ne correspondent pas. J’ai un Excel de plus d’une centaine d’étudiants que j’ai suivis en économie une année durant dans une prépa. Curieusement, un tiers seulement étaient déclarés dans un hors-série d’une célèbre revue, dédiée aux classements des prépas. L’engagement de WeiD de ce point de vue est clair. L’éducation a besoin d’exigence et de transparence. Que des parents et des étudiants qui ont conscience d’investir dans le fassent informés, pas trompés par des chiffres.
Elles se situent à Paris. Enfin, même pas à vrai dire. Les campus sont, à l’exception de l’ESCP, assez éloignés de Paris. Sérieusement, HEC, l’ESSEC et l’ESCP sont celles qui recrutent les étudiants qui ont obtenu les meilleurs résultats à un concours commun, à une Banque commune d’épreuves – la BCE. Ce n’est pas parce qu’elles sont parisiennes qu’elles sont meilleures. Elles recrutent les étudiants ayant le plus de points au concours donc sont « les parisiennes », celles qui demeurent les plus qualitatives, les plus recherchées tant par les étudiants que par leurs futurs employeurs. Dès lors, ne pas viser une « parisienne » n’a aucun sens. Il n’y a là rien d’élitiste. Il faut au moins essayer. Ne pas avoir de parisienne n’est cependant pas forcément un échec. C’est le jeu du concours. Si vous avez la sensation d’avoir à le regretter amèrement et longtemps, et seulement dans ce cas, khûber (ou cuber, c’est-à-dire faire une troisième année) est une possibilité. Dans le cas contraire, avoir les écoles qui ne sont pas « les parisiennes » n’est pas un handicap à vie vis-à-vis des autres ! Si vous avez bien pris conscience de ce que vous avez à faire en École, si vous êtes passés par une bonne classe préparatoire et n’avez pas oublié ce que vous y avez appris, si vous savez écrire une belle lettre de motivation sans chatgpt – car vous devez avoir conscience que si tout le monde envoie des lettres clonées, les recruteurs qui ne sont pas stupides s’en détourneront –, si vous êtes entreprenants et avez continué à apprendre, vous informer, réfléchir, c’est un handicap que vous compenserez vite.
Il nous arrive de répondre par une question : comment définissez-vous la méritocratie ? S’il s’agit d’une part de desserrer le lien existant entre origine sociale et chances d’étudier et d’acquérir connaissances et compétences tout en resserrant d’autre part le lien existant entre cette acquisition et la position sociale finale en termes de revenu et de statut, contesterez-vous le fait que la méritocratie soit souhaitable ? Et qu’elle soit le contraire de l’aristocratie ? Pour simplifier, la propriété de connaissances s’est substituée à la propriété de titres et de terres pour élever les chances d’accès à des revenus et positions sociales plus désirables. Nous ne disons d’ailleurs pas que cela fonctionne toujours très bien. Mais il y a une grande différence entre considérer que cette forme de méritocratie soit souhaitable et considérer que hautes rémunérations et statuts élevés ne soient réservés qu’à ceux qui ont « réussi » leurs études ! Ce n’est pas ce que nous disons et ce n’est d’ailleurs pas le cas : pour beaucoup, spéculation sur les cryptomonnaies, gaming, influence sur les réseaux… rapporte plus que d’investir dans la connaissance. Nous ne disons rien contre mais juste « à chacun son truc ».
Christophe Stener
Sophie Aurant
Thierry Louzier
Samantha Cabarrus
Christophe Simond