Témoignage de la comédienne Aminthe Audiard
Aminthe Audiard y était prédestinée. Elle est tombée amoureuse du 7ème art dès l’âge de 9 ans et n’a jamais arrêté de l’être. Elle a dû apprendre très jeune à adapter sa scolarité du fait de ses nombreux tournages. Aujourd’hui, Aminthe a 19 ans et en parallèle de sa carrière d’actrice, elle est étudiante en sociologie à l’université Paris Diderot. Elle nous raconte son parcours de jeune comédienne & étudiante, double casquette parfois difficile à porter.
Comment arrivais-tu à suivre les cours au collège et au lycée tout en participant à des tournages ?
A.A – J’ai commencé le cinéma dès l’école primaire et je n’ai pas rencontré de problèmes particuliers durant cette période. J’ai moins tourné pendant mes années au collège, mais c’était déjà compliqué d’assumer un métier d’actrice auprès des autres élèves. Le plus difficile a été de gérer mes absences pendant le lycée et l’administration n’était absolument pas compréhensive. La vie scolaire n’acceptait pas que je puisse m’absenter certains jours (qui restaient rares) même si je n’accusais aucun retard sur mes devoirs et mes contrôles. A cause de cette mauvaise expérience, j’ai décidé de suivre mon année de terminale avec le CNED. J’étais enfin contente de ne pas avoir à justifier mes absences professionnelles, et d’avoir une grande autonomie dans mon travail tout en fournissant un investissement personnel important.
En continuant ta carrière de comédienne, tu t’es donc inscrite après le bac à l’université ?
A.A – Je me suis inscrite en licence de sociologie à l’université Paris Diderot, dans le cursus “contrôle terminal”, conçu spécialement pour des étudiants qui ont déjà une activité professionnelle ou un empêchement majeur pour suivre les cours : militaires, politiciens, stagiaires en service civique…Ce système nous permet de ne pas suivre de TD et d’être évalués seulement sur une note de partiel dans chaque matière. Certes le parcours est aménagé, mais cela reste très difficile de suivre les cours, d’autant plus que l’administration ne nous fournit aucune aide.
Nous ne pouvons pas être présents à tous les cours si ce n’est aucun, ce qui est prévu dans ce cursus particulier. Cependant les professeurs refusent très souvent de nous envoyer leurs supports académiques et le contenu de leurs cours, ce qui complique grandement le passage des partiels à la fin de l’année. Les étudiants du “contrôle terminal” sont en réalité laissés à l’abandon par la fac.
Du côté du cinéma, le rôle des agents est aussi de prévenir les équipes de tournage en cas d’impératif scolaire pour le comédien, donc on ne rencontre a priori pas de problèmes majeurs.
Est-il important pour un comédien en devenir de suivre des études en marge de sa carrière ?
A.A – Un comédien n’a pas besoin d’avoir suivi des études spécifiques si ce n’est des cours d’art dramatique. En revanche, avoir une formation académique reste nécessairement utile pour se doter d’une plus grande culture générale, se forger son esprit critique, construire sa personnalité et prendre du recul. Un diplôme apporte une valeur ajoutée dans une profession où l’on fait constamment face à une rude compétition.
Et évidemment, le métier d’acteur n’est pas un métier stable. Avoir une bouée de sécurité est important pour être capable de changer de voie selon le tournant que peut prendre une carrière. Il faut tout de même savoir rester lucide sur l’incertitude du métier et assurer ses arrières.
Quels sont selon toi les atouts qu’un comédien peut mettre à profit dans ses études ?
A.A – Bien entendu, un comédien est doté d’une excellente mémoire. Habitué à devoir apprendre des textes dans un délai restreint, sa mémoire est non seulement durable mais aussi très efficace. Il sait aller vite, dispose d’une grande rapidité dans l’acquisition des compétences, car il sait réagir aux directives des réalisateurs et des équipes techniques. Un comédien est par exemple doué pour rendre concrets des concepts théoriques et abstraits.
Contrairement à de nombreux étudiants, les comédiens qui ont commencé tôt ont déjà un pied dans le monde professionnel depuis plusieurs années, ce qui leur procure une grande adaptabilité et une maturité dans le travail. Les déclarations d’impôts et le fonctionnement de France Travail leurs sont par exemple familiers ! Enfin, un comédien est forcément patient, car il sait attendre huit heures d’affilée avant de passer devant les caméras !
Quel est le problème principal que rencontrent les jeunes comédiens qui poursuivent des études ?
A.A – Les jeunes comédiens peuvent se sentir très seuls face à leurs camarades d’école mais surtout face à l’administration qui, le plus souvent, se montre peu réactive et n’assure aucun suivi. A la fac par exemple, je stresse davantage quant au fait de savoir si les professeurs vont me répondre que de savoir si je vais réussir mes partiels. De nombreux comédiens ayant commencé le métier au collège ou au lycée ont subi des formes de phobie scolaire, voire de harcèlement dans des cas extrêmes. Leur relation à l’école est parfois compliquée, c’est pourquoi ils veulent s’en extraire rapidement. De plus, le choix dans l’orientation n’est pas forcément facile : en cochant la case “artiste de haut niveau” sur Parcoursup, le système reste obscur et on ne sait pas vraiment de quel aménagement on pourra bénéficier.
Ce que propose WeiD School Talents pallie justement ces obstacles rencontrés par les artistes qui souhaitent continuer leurs études. Les jeunes comédiens ont à la fois besoin d’une grande autonomie, ce que permettent les cours à distance, mais d’un soutien et d’un suivi personnalisé dont peuvent bénéficier des étudiants de classe préparatoire. Je pense que c’est une excellente et judicieuse combinaison pour un jeune comédien ambitieux, tout à fait capable de mettre autant d’intensité dans des études exigeantes que dans sa pratique artistique.
Un grand merci à Aminthe de nous avoir accordé cet entretien, qui témoigne effectivement de la maturité dont font preuve les jeunes comédiens, entrés très tôt dans la vie professionnelle. Vous pouvez retrouver Aminthe Audiard dans la saison 2 de la série Lycée Toulouse-Lautrec sur TF1, ainsi que dans le prochain film de Jaime Rosales dans lequel elle jouera le 1er rôle.
